Portes du Périgord
 

Ce sont les Plantagenets vers la fin du 13e siècle qui ont construit ce Château situé sur une colline rocheuse. L'emplacement d'un castrum romain en bois dont il ne reste que la citerne creusée dans le rocher du fond, est encore visible au centre de la cour principale du 13e siècle.

En 1279, suite à la mort de Jeanne, fille de Saint Louis (Louis IX de France) sans l'issue et le traité d'Amiens, l'Agenais, anciennement dans la dot d'Aliénor d'Aquitaine, est rentré dans la suzeraineté Angevine. Edouard 1er, roi d'Angleterre et duc d'Aquitaine se mit à bâtir un royaume château pour assurer sa nouvelle frontière avec le royaume de Philippe le Hardi. Edouard a envoyé l'un de ses maîtres-maçons, Guillaume de Genève, pour y construire sa forteresse. Ce château ressemble aux nombreux châteaux d'Edouard situés au Pays de Galles. Les origines de Guillaume de Genève expliquent le nom de la rivière dans la vallée : Lémance.      

La fille aînée d'Edouard, appelée Aliénor, fiancée à Alphonse d'Espagne fut mariée à Henri, Comte de Bar après la mort d'Alphonse. Ce couple aurait habité ce château, qui a porté ainsi le nom de "Château du Bar" pendant 500 ans. Mais Edouard fut déçu par cette union. En 1299, il arriva à Gravelines avec une flotte importante pour rejoindre Henri et entreprendre la conquête de Flandre, mais Henri fut absent... Edouard fut obligé d'abandonner l'expédition et de se rendre en Angleterre. Est-ce possible que Henri flânait au château ?

Edouard a séjourné dans le château au cours de sa visite entre 1286 et 1289. Il a reçu, comme Philippe, l'Ambassade de Ghengis Khan. Tous les deux ont refusé l'aide au chrétien Ghengis contre les Musulmans.

Après la guerre de St Sardo en 1324, le château fut cédé, mais repris peu après. Au milieu du 14e siècle, la maison construite autour de la tour d'entrée, servait de repère pour le Prince Noir. il était l'arrière petit-fils d'Edouard I, Sénéchal de Guyenne, et toujours cuirassé en noir. Jugé infâme par la postérité, pour ses chevauchées dans la campagne d'Aquitaine, mais célébré par les partisans anglais de l'époque pour sa victoire à Poitiers et la prise d'un prisonnier ; le roi de France Jean II.   

La Guerre de Cent Ans et La peste affaiblit les deux royaumes. Mais dans le Midi, les partisans du "Roi de Bourges" Charles VII, sous Laustrac de Nardonnet assiégeaient ce château. En choisissant le point faible de la courtine sud non surveillé par une tour, pour leur sape, les attaquants réussirent à pénétrer dans l'enceinte. Les bastides ne purent plus résister. L'une après l'autre, elles tombèrent. Les Anglais se retirèrent vers l'enclave de Bordeaux, où ils y sont restés encore 20 ans.

Un acte conservé à la cathédrale de Bourges, fait en décembre 1433 par Charles VII, confirme Laustrac comme propriétaire. Il se mit à construire "Le logis Nord" dont le bâtiment actuel est une reconstruction exacte.

En 1453, à la bataille de Castillon, John Talbot, Earl of Shrewsbury, sous Henri VI d'Angleterre fut tué directement par une balle de canon mais indirectement, on dit, que ce fut par un excès de zèle, après un déjeuner comprenant une bonne quantité de l'excellent vin du pays...

Jusqu'en 1789, c'était devenu un château de plaisance pour diverses familles nobles, ensuite les révolutionnaires du coin, sous Paganel, y sont entrés pour le brûler et le piller.

Son nom fut changé en "Sauveterre-de-Fumel" puis en "Sauveterre-la-Lémance", mais déjà dédaigné pour son histoire sombre, il fut livré à l'abandon :  l'enlèvement de belles pierres et les fouilles des chercheurs de trésor.

Dans les années trente, Jean Mermoz, pris par la beauté des ruines vues de l'air, l'a acheté. Un mois plus tard son avion "La Croix du Sud" tombait en mer. Son corps ne fut jamais retrouvé....